vendredi 26 décembre 2014

Un phoque sait prendre du bon temps!


Nous voilà reparti pour une nouvelle semaine!

Et comme la semaine dernière, il fait grand beau, ciel bleu et peu ou pas de vent. Après un lundi de routine, où des tests, récupération de données et autres sont réalisés (j’aurais grandement l’occasion de vous en dire plus pendant l’hiver, où il se passe nettement moins de trucs folichons…), un mardi haut en couleur s’annonce. 
fissure derrière le Lion qui sert de trou de phoque
 En effet, cette fois nous partons avec Karine et Alban pour tester des balises qui normalement sont posées sur des phoques. Ces balises permettent de suivre leurs déplacements ainsi que la profondeur de leurs plongées. On part donc en direction d’un trou de phoque, ce qui évitera de devoir en creuser un nous-même! Et donc, juste derrière ce que nous appelons la piste du Lion (qui aurait dû être une piste d’atterrissage pour avions mais qui après de nombreux rebondissements finira comme lieu de stockage), nous trouvons notre trou, avec des phoques se prélassant sur la banquise. 

phoque en plein travail!
Les phoques ne sont pas apeurés par notre arrivée et ne bouge que si on s’en approche vraiment prés, c’est-à-dire qu’on puisse le toucher de la main! Certains sont assez balaises mais les veaux sont assez mignons. Leurs têtes ressemblent assez à celle d’un chien ou d’un chat selon d’autres, mais ce qui est marrant, c’est qu’on dirait qu’ils ont toujours la banane! Après avoir fait plusieurs tests, les balises n’ont pas l’air de fonctionner. Du coup, il faudra y retourner plus tard après avoir identifié le problème. 

Veau (ou bébé phoque!)
Les veilles « Antavia », du nom du site que les ornithos étudient, ont commencés. Ces veilles consistent à surveiller une colonie de manchots Adélie, et d’attraper les manchots marqués préalablement afin de pouvoir les transponder et leurs faire quelques mesures. L’étude de cette colonie permet d’étudier la fidélité aux nids et aux partenaires. Après plusieurs veilles réalisées à différentes horaires (4h du mat, minuit…), toujours rien à signaler de mon côté… Mais d’autres ont eu plus de chance et ont pu capturer les « racailles de la base » (nom donné à ces chers Adélies en raison de leur comportement quelque peu agressif!)

C'est parti pour une veille...
Comme toujours, on essaye de bosser le plus possible le matin afin de se dégager du temps libre l’aprem. On est de nouveau sortie vers le trou de phoque pour tester les balises après quelques réglages. A noter que pour sortir, il faut être, suivant les zones, 2, 3 ou plus, donc il est pas toujours évident de pouvoir s’éloigner de la base. Mais bon, c’est quand même pour notre sécurité! Mais du coup, on se console avec un petit goûter au soleil et sur la banquise en attendant de voir si la balise fonctionne.

la vue est plutôt sympa...
Encore une semaine rapidement écoulée, et bien chargée entre les sorties,nos routines et les analyses. A savoir que j’ai réalisé ma 1ére CPG (chromatographie en phase gazeuse) avec Alban et que tout s’est bien déroulé!

Moi, faisant semblant de travailler!
Nous voilà donc samedi, et qui dit samedi, dit SOIREE! En plus, c’est pour une occasion bien spéciale, l’anniversaire du cuisto, Nono. Cette petite sauterie a eu lieu au dortoir été où sont logés principalement les campagnards d’été. Et en cette occasion un repas crêpe a été organisé. Miam miam!

Et malgré l’heure tardive du couché, il a bien fallu se lever tôt pour aller s’occuper des routines…Et oui, ici on bosse même le dimanche. Pas de repos pour les braves! 

Ça vaut quand même le coup de se lever, même le dimanche!!
En plus, je suis de service base, ce qui veut dire que je dois aider en cuisine à préparer le repas, dresser les tables et faire le service. Et comme c’est une occasion spéciale, le service l’est aussi! Victor, le pâtissier a réalisé un petit repas gastro (évidemment le cuisto était de repos pour son anniv) qui se sert en tout état de cause à l’assiette. Un service et repas sans faute! L’intéressé s’est dit très heureux! Il a reçu de sacré cadeaux où les hivernants ont rivalisés d’ingéniosité et de créativité pour lui offrir le meilleur de DDU!! En passant, j’ai même appris à faire des fleurs avec des serviettes en papier, ça peut toujours servir à l’occaz…

Petit repos salvateur, avant d’attaquer le service du soir. Bizarrement, tout le monde est allé se coucher tôt. On se demande bien pourquoi!




PS : Je suis en train de lire les Harry Potter pour la première fois, et c’est fou le décalage qu’il peut y avoir entre livres et films…
PS2 : les articles sont en décalé avec la date du jour et sont postés avec 1 mois de retard… Désolé pour l’attente!
PS3 : Du coup, même si l’article ne paraîtra que plus tard, JOYEUX NOEL!!!




Papa: voilà du manchot Empereur, toi qui les aime!
 

vendredi 5 décembre 2014

A la découverte du continent blanc


Et voilà, je suis en Antarctique!! Même en l’écrivant, ça me paraît encore incroyable. Étant donné que j’ai voyagé uniquement avec mon sac à dos (mes malles arriveront plus tard, à R1 normalement), lequel m’accompagne partout lors de mes multiples pérégrinations, j’ai l’impression que je suis ici en vacances et que cela va prendre fin dans quelques semaines…

 Après l’accueil chaleureux des anciens hivernants, qui ne sont plus aussi déboussolés que lors de l’arrivée des premiers passagers à R0 (et oui, pour eux, l’arrivée de nouvelles personnes signifient aussi la fin de l’hivernage…), direction MA chambre. Enfin, celle qui sera mienne durant l’année à venir. Un grand merci à Alban, l’ancien hivernant glacio que je remplace et qui a déménagé vers une autre chambre («la Love Capsule») afin que je puisse m’installer tranquillement (je suis donc seul!). Le temps de déposer mes affaires et 1ére réunion avec le Dista (chef de district ou «chef suprême», c’est lui qui possède tous les pouvoirs!) pour le rappel de quelques consignes de base concernant le tri (très très important ici), les sorties hors de la base…Même si avec le décalage horaire, je suis complétement naze, l’excitation me tient éveillée, et après quelques verres, je me dirige tranquillement pour une première nuit de sommeil bien méritée (demain je peux prendre mon temps et dormir un peu le matin pour récupérer!).

Des Manchots Adélie, il y en a partout sur la base!
1ére nuit difficile… réveillé à 2h puis à 6h du mat. Les manchots Adélie font un boucan d’enfer même la nuit (ils sont partout sur la base et à 10m du dortoir!), mais ce ne sont pas eux qui m’ont réveillé. Surement une erreur de débutant, j’avais oublié de fermer mon volet! Il n’y a pas de nuit noire à proprement parler pendant l’été, le soleil se contente de passer juste en dessous de l’horizon pendant quelques heures. Du coup, je me suis levé pour aller petit-déjeuner. Il se termine à 8h, donc je ne pense pas y aller souvent en fin de compte… 1ére journée de boulot assez tranquille, je me contente de regarder et d’écouter.

Les jours suivants, je commence à faire mes premières manips tout seul, comme changer les filtres de prélèvement! Les nuits sont de plus en plus courtes, et mon intégration se passe bien.

La manchotière!
1ére balade à la manchotière! C’est l’endroit où les manchots Empereur se reproduisent. On y est allé juste après le repas du soir mais un poil trop tard, le soleil venait de disparaître à l’horizon. Mais cela reste quand même un moment magique la 1ére fois qu’on les aperçoit. 

Des manchots Empereur et leurs progénitures
Ils ont une classe incroyable! Mais personnellement, je préfère pour le moment les Adélies, qui sont nettement plus actifs et plus rigolos. Ils se battent sans cesse, se volent des cailloux pour construire leurs nids…


Petite bagarre entre Adélies...
Comme j’ai pas mal de temps libre ces premiers jours, car on s’arrange pour travailler le matin et se libérer du temps l’aprem, j’en profite pour faire des sorties, du sport ou aider les autres sur leurs manips. On a par exemple, construit avec Fabien, un des pilotes d’hélico, un coin apéro creusé directement dans la glace vers le bâtiment des ornithos(je l’avoue, il a réalisé le plus gros du boulot).

Nouvelle sortie vers l’île Mauguen en passant par le shelter BBC et la manchotière évidemment! Et tout ça sur de la banquise bien épaisse. Les couleurs au moment du coucher de soleil sont incroyables (et à ce qui paraît en hiver, c’est encore plus beau…). Le plus fou dans tout ça, c’est le temps et la température. Depuis mon arrivée, on a eu 1 jour de neige et que du ciel bleu avec peu ou pas de vent. Du coup, comme les jours commencent à se réchauffer (il fait encore entre -5°C et -20°C), on peut se permettre de sortir en polaire/jeans!

Ballade autour de l'île Mauguen
 
Mon sport de la semaine consiste à pelleter de la neige pour déblayer des endroits ou les construire! Mais je préfère de loin faire ça plutôt que d’aller à la salle de sport où j’aurais tout le loisir d’aller pendant les longues nuits d’hiver…

Prud'homme et la route du raid
Ce samedi, nous allons sur Prud’homme, une base qui est à 5km de la nôtre mais sur le continent. Elle permet de préparer le raid qui ravitaillera Concordia, la base Franco-italienne se trouvant à 1200km vers l’intérieur des terres, en nourriture et carburant. On y est allé avec Alban et Sépanta, les deux anciens hivernants glacio, en hélico (ce qui offre une belle vue!) pour remonter des appareils scientifiques tels qu’un anémomètre ou encore une sonde de température sur un mât qui était tombé lors d’une grosse tempête. Même si elle est proche de la nôtre, il y fait toujours plus froid et plus venteux, il faut donc penser à bien se couvrir pour y aller!A priori, on y retourne la semaine prochaine pour faire le relevé des balises et des données sur les mats météo. Et comme tout samedi qui se respecte, ce soir on décompresse avec une petite soirée.

Pour conclure cette 1ére semaine bien riche, rien de mieux que d’aller prendre l’air (surtout après un bonne soirée) pour aider ses copains ornithos à compter et identifier à l’aide de leurs bagues les skuas de l’île gouverneur (entre DDU et Prud’homme). Par contre, ils étaient censés être en couple et donc plus facilement approchables, ce qui n’était pas le cas. Du coup, on a dû leurs courir après pour pouvoir prendre en photo leurs bagues et pouvoir savoir qui était qui. Mais bon, une aprem bien sympa, surtout par beau temps et qui permet de s’aérer!
Skuas défendant leur nid
Vous en savez maintenant un peu plus sur mes premiers pas sur ce continent qui n’a pas fini de m’étonner…

La suite au prochain épisode!


PS: l'adresse pour m'envoyer des colis a quelque peu changée...Voir dans l'onglet: "Me contacter"

lundi 24 novembre 2014

Le voyage



Me voici dans la zone de départ où se mêle l’excitation du départ et la découverte de l’inconnu, au fait de quitter les gens que j’aime. Assez étrange comme sensation…

Avec les 2 autres hivernants que j’ai rejoint à l’aéroport Charles de Gaulle, nous embarquons avec la Singapour Airlines pour Christchurch. Après 12h de vol, nous arrivons à Singapour pour une première escale où il va nous falloir attendre 12h de plus pour pouvoir poursuivre notre périple. Cette compagnie fait bien partie du top 3 avec un service de qualité (nourriture, boisson, hôtesse…), ce qui rend finalement le vol plus confortable (Air France devrait en prendre de la graine!)

Durant l’attente à Singapour, un rapide tour dans la ville, pour constater qu’à part des buildings et un port, il n’y a pas grand-chose à Singapour. Mais cela à au moins le mérite, de faire passer le temps. Par contre, l’aéroport est ultra-moderne mais également cosy avec des « snooze lounge » pour piquer des petits sommes, ainsi qu’un jardin avec des papillons ou des bassins avec des énormes carpes! La route continue et il faut de nouveau faire 10h d’avion pour rallier Christchurch où un correspondant nous attend. Mais avant tout ça, il faut passer la douane, et évidemment, le seul à se faire contrôler, c’est moi… Mais comme je n’ai rien à me reprocher, tout va bien, je peux rejoindre mes petits camarade pour aller à l’hôtel déposer nos affaires et récupérer une partie de notre paquetage (comprenant nos habits polaires). Comme c’est encore le matin, nous en profitons pour faire un tout dans Christchurch. On se rend vite compte que la ville a bien souffert du tremblement de terre de 2010 et qu’il va leur falloir du temps pour oublier. Et enfin, un petit tour au jardin botanique pour voir ce qui va nous manquer durant ces prochains mois : des plantes!

En fin d’après-midi, on se dirige vers l’Antarctic Center pour une rapide formation sur comment survivre si jamais notre avion doit se poser en catastrophe au milieu de nulle part… à savoir monter une tente et allumer un réchaud! On rentre ensuite à l’hôtel pour une nuit bien méritée après 34h de voyage sans quasiment avoir dormi. 
Prêt à décoller de Christchurch!
Dur dur le réveil le lendemain matin (sachant que mon compagnon de chambre, Bastien, qui hiverne avec moi avait mis son réveil à 5h15 mais mal réglé l’heure de son téléphone...du coup réveil à 4h du matin!). Du coup, on se lève, on s’habille en habit polaire et en route pour l’avion qui va nous emmener sur une base italienne, Terra Nova Bay

L'avion nous amenant en Antarctique
Ce voyage dure environ 8h dans une sorte d’avion-cargo avec 11 autres passagers et 2 hélicoptères à notre bord! 

Et oui, c'était aussi dans l'avion...
L’avion est très bruyant et nous oblige à mettre des boules Quies.On a donc du mal à se parler mais la vue est au rendez-vous, on voit apparaitre les premiers bouts de glace à l’horizon et on sent que la température commence à se rafraichir. 
Les premières glaces!
A peine arriver sur la base italienne et le temps de boire un café italien super bon, et hop, on saute dans un autre avion, toujours plus petit, pour enfin rallier notre base, Dumont d’Urville. Le vol dure moins longtemps, mais quand même 4h.La vue est splendide car on a la chance d’être peu nombreux et de pouvoir être chacun à côté d’un hublot. L’Antarctique, ce n’est pas du tout plat comme certain pourrait le penser. Notamment du côté de la base italienne, le relief est assez marqué avec notamment un volcan en activité. Rassurez-vous, il crache uniquement des fumerolles de temps à autre! Et le plateau culmine à plus de 3000 m d’altitude.

Le petit coucou nous amenant chez nous!
Après ce court trajet, un hélico nous emmène de la piste d’atterrissage, qui n’est autre chose que de la neige, jusqu’à notre base, où les anciens sont là pour nous accueillir. 

Notre base: DDU

Il est temps maintenant de s’installer, de connaître les anciens et les nouveaux, et de trouver ses marques, car ici rien n’est aussi simple qu’à la maison...

La vue depuis ma chambre: la N°16!

Et bientôt la suite avec de nouvelles photos et de nouvelles aventures !